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Faut-il fidéliser ses salariés ?

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La réponse à cette question est plutôt « oui » dans le camp des entreprises. Même lorsque le changement est un état permanent. Les grandes entreprises jouent sur la qualité de leur marque employeur pour fidéliser leurs salariés. Mais est-ce un calcul gagnant à long terme ?

L’alliance marque employeur & fidélisation en 5 points

 

Agnès Duroni, fondatrice d’Adevea consulting, agence conseil en stratégie de marque employeur et innovation collaborative, et Fabien Blanchot, directeur du MBA management ressources humaines de l’université Paris-Dauphine, nous éclairent sur les enjeux de la fidélisation en entreprise comme clé de voûte de la marque employeur.

 

#1 La marque employeur permet d’attirer les meilleurs talents

« Une marque employeur forte peut contribuer à l’attraction des meilleurs talents » nous confirme Fabien Blanchot, surtout lorsqu’il s’agit de métiers ou de secteurs d’activité moins connus du grand public. Mais cela doit être sous-tendu par la mise en œuvre de vraies politiques RH de la part de l’entreprise souligne Agnès Duroni. C’est dans ce cas un atout supplémentaire pour recruter des candidats de qualité.

 

#2 Fidéliser les salariés grâce à une bonne image de la marque employeur

Agnès Duroni et Fabien Blanchot s’accordent à dire que la force d’une marque employeur est liée à la cohérence entre discours et réalité.

En effet, la marque employeur fidélisera si le candidat trouve un poste en adéquation avec ses compétences et des formations qui l’aident à évoluer au sein de l’entreprise.

 

#3 La fidélité des collaborateurs crée de la valeur

 

 

agnes-duroniLa fidélité doit refléter l’intérêt dans la mission qui est confiée au collaborateur. « [Elle] n’a de sens que si le collaborateur grandit au sein de l’entreprise, s’y sent bien, gagne en autonomie » ajoute Agnès Duroni.

 

Dans ce cas, il y a génération de valeur pour les deux parties. A contrario, si un collaborateur reste par peur du changement ou de la crise, sa fidélité se transforme en souffrance pour Fabien Blanchot.

 

#4 La fidélité en temps de crise est un leurre

Agnès Duroni est persuadée que « la fidélité est un gage de succès pour l’employeur quand les collaborateurs restent parce qu’ils aiment leur entreprise et qu’ils sont fidèles à ses valeurs » et non pas par peur de la crise.

 

Pour Fabien Blanchot, si les entreprises ont la capacité financière de pouvoir conserver leurs collaborateurs en temps de crise, elles pourront d’autant mieux fidéliser leurs équipes et conserver des ressources clés lors de la reprise d’activité.

 

#5 Le turnover peut booster la marque employeur

Plus la marque employeur est attractive, plus elle génère une chasse aux meilleurs talents.

“Les entreprises vont alors se remettre en cause par rapport à leurs concurrents et continuer à travailler leur marque employeur pour la rendre encore plus séduisante. » Agnès Duroni.

fabien-blanchotPour Fabien Blanchot, le turnover est un accélérateur de développement de la marque employeur « à condition qu’il soit le reflet d’une politique active de développement des collaborateurs et que ce soit perçu comme tel par les salariés ».

 

 

Faut-il fidéliser ses salariés ?

 

Serge Bensimon, fondateur de la marque éponyme, Caroline Pagès et Harry Touret respectivement DRH de Valneva et du Groupe Seb, s’accordent pour dire que rien n’est plus rentable qu’un talent que l’on réussit à garder.

 

Les entreprises sont pour la plupart dans une logique de fidélisation de leurs salariés, mais est-ce réellement profitable à l’innovation, à la croissance, aux clients ?

 

Serge Bensimon. La plupart de nos salariés sont à nos côtés depuis 20 ou 25 ans. Et c’est une force incroyable. […] Dans nos métiers où il faut se remettre en question tous les six mois avec les collections […] les équipes savent s’adapter.

Harry Touret. La fidélité est une culture d’entreprise très étroitement liée à notre culture d’innovation. […] L’innovation est perçue par les collaborateurs comme un instrument de la pérennité de l’entreprise.

“Nous avons un programme baptisé Digital Academy face auquel je n’ai jamais ressenti de résistance. » Harry Touret

 

Caroline Pagès. J’approche les choses […] en disant qu’il faut avoir les bons talents, à la bonne place, au bon moment.[…] Pour innover et croître, il faut des collaborateurs connectés en permanence à leur environnement, leur marché, le monde qui les entoure.

Comment détectez-vous les salariés qui savent s’adapter à la croissance, à l’innovation permanente et restent ouverts aux remises en cause ?

 

 

Harry Touret. Nous les maintenons en état de curiosité.[…] Avec le personnel de production, nous sommes très transparents sur nos résultats […] cela leur permet de […] les mettre en corrélation avec leur niveau d’engagement et d’innovation.

Caroline Pagès. Nous prônons un fort esprit d’entreprendre […] [et] nous travaillons à développer le « feedforward » qui consiste à demander aux salariés de formuler des suggestions tournées vers l’avenir[…].

 

Comment motivez-vous ceux qui entrent dans des habitudes ou font de la résistance aux changements ?

 

Caroline Pagès. […] Le changement est un état dont nous faisons la promotion constamment ; nous expliquons pourquoi des changements surviennent et ce qu’ils représentent.

Serge Bensimon. […] Nous favorisons [la transversalité], sommes très à l’écoute des envies et des potentialités qui émergent pour les uns ou pour les autres.

Harry Touret. […] Il y a un effet d’entraînement naturel et de la place pour tout le monde dans notre processus d’innovation.